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2.07.10 – 17.10.10

Roman Ondák

Shaking Horizon

Commissariat : Éric Mangion

Entretien entre Roman OndáK et Éric Mangion

EM : Avant de parler de votre travail en tant que tel, je voudrais préciser une chose. Nous réalisons habituellement un document d’accompagnement de l’exposition qui regroupe des notices écrites par les artistes ou les commissaires. Vous avez préféré réaliser cet entretien plutôt que ce document. Il semble que vous n’aimez pas quand les visiteurs passent plus de temps à lire des textes sur les œuvres qu’à les observer.

RO : C’est exact ! en fait, je considère que chaque œuvre doit contenir un message dans sa forme même. Ce qui m’intéresse c’est de jouer avec la manière dont on peut capter directement la perception du public. Si je lis un texte dans une exposition, ce geste devient une oeuvre d’art en soi, à l’image d’une performance que je pourrais produire. Du coup, la forme de l’entretien me paraît préférable, car cela ne souffre d’aucune ambiguïté sur son statut.

EM : L’exposition débute avec deux œuvres qui portent le regard vers l’extérieur du centre d’art. Ces deux pièces, Breath on Both Sides (2009) et Room Extension (2000) traversent chacune une baie vitrée, comme si vous souhaitiez que notre attention soit détournée.

RO : Ces œuvres ont le potentiel de faire en sorte que les visiteurs se questionnent et aient conscience de se trouver dans une exposition. Diriger leur regard vers l’extérieur, par la fenêtre, attirer l’attention sur un objet devant lequel on vient de passer, dans le jardin ou à l’extérieur du centre d’art de manière générale, permet de diffuser à l’intérieur de l’exposition l’expérience que l’on peut vivre à l’extérieur. On considère que tout ce qui se trouve en dehors du « white cube », c’est la réalité. Mais lorsque l’on se trouve « dans » l’exposition, et qu’on voit des objets, on a tendance à penser que ce qui est de l’art, ou se rapporte à l’art, est une représentation de cette réalité. L’œuvre Breath on Both Sides (2009) met au jour ce paradoxe. A l’extérieur, le ballon ressemble à un ballon, mais dans l’exposition on le voit comme une œuvre d’art qui ressemble à la réalité. En fait, il n’y a que l’air à l’intérieur du ballon qui réponde à cette ambivalence d’œuvre d’art et d’objet réel à la fois.

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