8.07.90 – 30.09.90
Pas n'importe où sous le soleil 5
Avec: Lars Fredrikson, Raymond Hains, Hubert Kiecol, Bertrand Lavier, François Morellet, Maurizio Nannucci, Claude Rutault, Martine Aballéa, Pascal Convert, Dan Graham, Jacques Vieille, Michel Verjux, Felice Varini
Commissariat : Christian Besson, Christian Bernard
La manifestation Sous le soleil, commencée en 1988, a duré peu ou prou jusqu’en 1991. C’est dire à quel point elle nous occupa. Deux étés successifs elle s’étendit à l’ensemble des bâtiments de la Villa Arson et fut l’occasion pour le public comme pour ses utilisateurs ordinaires, de découvrir et de parcourir son site, ô combien singulier !
Le jeu était ouvert et les possibilités nombreuses. Il est vrai que nous tentâmes parfois de forcer les cartes en invitant un tel pour tel espace plutôt que pour tel autre. Les artistes répondirent depuis leur extrême liberté, en décevant notre attente, en rejetant souvent ce que nous projetions par avance, en contournant nos impératifs. II fallut dans certains cas résoudre des problèmes techniques (Jacques Vieille Hubert Duprat, Luc Deleu…), diplomatiques (Bertrand Lavier) ou juridiques (Braco Dimitrijevic). Un petit nombre de projets fut abandonné : la piscine de Présence Panchounette, qui posait un problème de responsabilité pour sa maintenance l’installation de néons de Stephen Antonakos, faute des moyens financiers suffisants; un premier projet de Luc Deleu pour des raisons techniques. Ceux de François Martin et d’Étienne Bossut ne virent pas non plus le jour. Si l’on rencontre dans le générique de cette exposition des noms connus, nous avions cependant convenu par avance de ne pas dresser de liste et d’agir au coup par coup.
On notera que le jeu fut aussi proposé à des artistes qui n’avaient pas alors de large pignon sur rue tels Paul Devautour, BP, Éric Maillet, Jean-César Suchorski. Olivier Blanckart et Absalon qui réalisa à cette occasion sa plus grande installation. Nous ne voulions pas non plus faire une exposition qui se serait cantonnée à des artistes spécialisés dans l’in situ. Le rapport au lieu pouvant être aussi à notre avis, et pourquoi pas ? de convenance. II y eut donc également de la peinture dans l’atelier de peinture, de la photographie dans le studio de prise de vues, du dessin dans l’amphithéâtre de modèle vivant, de la sculpture dans l’atelier de sculpture, un bureau dans un bureau… Une seule œuvre fut commandée à des fins directement fonctionnelles, c’est l’éclairage du hall par Michel Verjux, la première d’ailleurs qui fut prestement transformée en commande publique, acquise par l’État et inscrite à l’inventaire du Fonds National d’Art Contemporain; celle de Jacques Vieille subit le même sort.
Certains projets parlent davantage que d’autres du site extraordinaire de la Villa Arson. Les sculptures de Bertrand Lavier et de Présence Panchounette commentent ironiquement son côté Fondation Maeght sous les pins. Les points de vue de Varini (et celui de Franz West !) renvoient à un poncif du tourisme ambiant. Les définitions-méthodes de Claude Rutault ont trouvé à être prises en charge dans les studios de résidents… Et puis, comme l’on dit, notre pensée va tout particulièrement à tous ceux que le manque de place nous empêche de citer !
Les artistes bénéficièrent de l’aide d’assistants émérites, embauchés pour l’occasion. Un nombre conséquent d’étudiants de l’ÉPIAR – c’est d’eux qu’il s’agit – trouva ainsi un terrain d’apprentissage riche en rencontres. Ce sont ces étudiants qui avec une belle énergie ont procédé aux déménagements, aux nettoyages, aux aménagements, au gardiennage et à l’accueil, aux démontages, enfin, que l’opération requérait. Ils furent, pour les deux gros chantiers des étés 1988 et 1989, dirigés et entraînés par l’irremplaçable Camille Blanc, régisseur sans les compétences techniques duquel nombre de projets n’auraient pu voir le jour.
Christian Bernard, Christian Besson