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10.02.17 – 30.04.17

GO CANNY!

Poétique du sabotage

Avec: Emilien Adage, Cécile Babiole, Babi Badalov, Fayçal Baghriche, Stéphane Bérard, Jeanne Berbinau Aubry, Claude Cattelain, Marc Chevalier, Nicolas Daubanes, franckDavid, DeYi Studio, Amandine Ducrot, IKHÉA©SERVICES, Jean-Baptiste Ganne, Dora Garcia, Alexandre Gérard, Cari Gonzalez Casanova, Raychel Carrion Jaime, kom.post, Laurent Lacotte, Émilie Brout & Maxime Marion, Simon Nicaise, Marie-Ève Mestre, Hervé Paraponaris, Jérôme Pierre, Julien Prévieux, Marie Reinert, Marine Semeria, Michaël Sellam, Charles Stankievech, State of Sabotage (SoS), Thomas with Olivier et Yann Vanderme

Commissariat : Nathalie Desmet, Éric Mangion, Marion Zilio

Sous ce titre repris d’une injonction de dockers écossais de la fin du XIXe siècle, cette exposition explore des stratégies de résistance, de dissension, contestation, perturbation, dérèglement… s’apparentant au sabotage, acte créatif par excellence qui mobilise inventivité et débrouille.
Les artistes de l’exposition pratiquent l’art du « grain de sable », intervenant sur les rouages pour amorcer des dérapages, mobiliser les consciences, produire une « poésie du dysfonctionnement » et pourquoi pas des transformations en profondeur.

Tout semblait bien fonctionner jusqu’à ce que…

Le sabotage ou le fait de « travailler comme un sabot » était à l’origine une stratégie ouvrière destinée à punir les patrons mauvais payeurs en ralentissant et dégradant la production. Peu à peu abandonné au profit d’une vision non violente, le sabotage n’avait pourtant pas pour vocation de détruire les instruments ou les marchandises, contrairement au vandalisme. Il consistait à rendre le travail improductif, « soit par nonchalance, […] par excès d’application, […] ou par une observation méticuleuse des règlements ». Face à l’échec des formes habituelles du mécontentement – manifestations, grèves ou occupations – l’exposition Go Canny! propose d’inventer de nouvelles stratégies de résistance. Une autre logique de dissension peut apparaître. A priori inoffensif, le grain de sable possède la virtualité d’une masse. Contestation silencieuse et invisible dont seuls les effets doivent être palpables. Ralentissement, désorganisation, dérèglement… Tout acte perturbateur, même infime ou invisible, peut contribuer à modifier l’ordre du quotidien et, par ricochet, la marche des puissants.

Sous ces diverses formes, le sabotage échappe à toute répression comme il pallie les limites de la grève ou du boycottage. En tant que geste totalement libre et non assujetti à aucune puissance supérieure, le sabotage est aussi l’acte créatif par excellence. Il mobilise à la fois l’inventivité, la débrouille ou le système D. Désobéisseurs, saboteurs, perturbateurs, enquiquineurs, les artistes de l’exposition mettent du sable dans les rouages. Leurs propositions artistiques appellent à amorcer un dérapage.

Contre un pessimisme généralisé quant à toute forme de changement, l’exposition Go Canny! cherche à produire une énergie contraire et à mobiliser les consciences individuelles pour faire résonner la voix de la désobéissance. Pensée sous la forme d’un manuel de recettes et d’effets immédiats, elle entend réactiver des verbes d’actions directes, en incitant les visiteurs à reproduire un geste singulier afin de mettre en oeuvre une poésie du dysfonctionnement. Poésie qui, si elle se généralisait, pourrait bien conduire à une transformation profonde.

Go Canny! reprend l’injonction ouvrière des dockers écossais à la fin du XIXe siècle ne parvenant pas à obtenir l’augmentation de salaire qu’ils méritaient : « Ne vous foulez pas ! ».

Remerciements : Guillaume Désanges, Alexandra Guillot, Sonia Recasens, CNAP (Centre National des Arts Plastiques), Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Galeries Jérôme Poggi et Jousse Entreprise (Paris)