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22.02.92 – 29.03.92

Alain Kirili

Le baiser

Commissariat : Christian Bernard

Les lèvres de l’offrande

Le baiser est le titre donné à la rencontre, à la mise en regard (au double sens de l’expression) de deux œuvres sœurs et cependant antagonistes, conçues et produites par Alain Kirili à la Villa Arson durant l’été 1991.

Elles sont parentes parce qu’issues des Commandements par leur frontalité, leur dissémination ordonnée, par les dimensions modestes de leurs éléments et leur faible élévation qui les fait voir en plongée panoramique.

Elles ont aussi en commun l’emploi d’un unique module de support, en bois grossier, légèrement pyramidal et non moins légèrement décollé du sol. L’idée de socle ne prévaut pas ici ; ces bases ne constituent pas une simple modalité rustique d’exposition des pièces mais, strictement, une dimension intégrante de ces oeuvres qui semblent vouloir faire de la présentation l’objet même de leur cérémonie.

Elles sont en revanche antagonistes par leurs autres matériaux, la terre de Biot et Vallauris, beige et rose, pour l’une, et, pour l’autre, blanc, gris, bleuté, le marbre de Carrare.

Elles s’opposent, dès lors, par les gestes, les sensations et les images contraires que ces matières appellent : le modelage et la taille, la main et le ciseau, la masse qu’on aplatit et les plans qu’on redresse, le plein qu’on évide et les plaques qu’on empile, la torsion et l’addition, le comprimé et le brisé, le chaud et le froid, le cuit et le cru, le rugueux et le lisse, le mat et le brillant, la chair et la pierre, la tumescence et le tumulus, l’œuf et la tombe, Rodin et Brancusi.

Deux mondes en miroir se contemplent. Ils s’ajustent à l’espace qui les met en présence symétrique et auquel ils s’adressent, sous nos yeux dans les termes mêmes de l’offrande.

Christian Bernard

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