Conférence – Lydia Goehr
Dans le cadre du séminaire Les Voies des images, co-organisé par la Villa Arson et le Sic.Lab de l’Université Côte d’Azur, la Villa Arson accueille la philosophe et musicologue Lydia Goehr, professeure d’esthétique à la Columbia University de New York.
Sa conférence, dont le titre est Zappa and Adorno. Invitation to the dance, or the beats of humiliation (“Zappa et Adorno. Invitation à la danse, ou les rythmes de l’humiliation”), aura lieu le lundi 6 mai, à 17h30 dans l’amphithéâtre 3 de la Villa Arson.
Zappa et Adorno. Invitation à la danse, ou les rythmes de l’humiliation
Cette conférence porte sur le philosophe allemand Theodor W. Adorno et le musicien et compositeur américain Frank Zappa. Beaucoup ont associé ces deux noms en montrant l’intérêt de Zappa pour une production musicale moderniste ou d’avant-garde, faisant ainsi de ce dernier un musicien populaire capable d’obtenir l’approbation d’Adorno bien plus que sa condamnation. Les débats entre les formes de musique, jugées sérieuses ou divertissantes, hautes ou basses, sont bien connus, même s’ils sont un peu usés à force d’être répétés. Cette conférence relie Zappa et Adorno par le biais d’une politique ou d’une socialité de l’esprit, mais où l’esprit divertit à grands frais. Zappa et Adorno sont ici réunis par l’invitation à la danse. En lançant l’invitation, ils rendent sa condition explicite. En tant que commandement ou convocation, l’invitation est rythmée de manière à abattre le danseur, à l’humilier avec l’esprit d’une pulsation impossible. L’humiliation implique la soumission, la mise à genoux ou l’immobilisation de quelqu’un. L’humiliation est un écrasement au sol, dans la boue. La cruauté remet en question l’amusement et l’esprit : que signifie danser dans des conditions d’avilissement, de désincarnation, de défiguration ? Si Adorno analyse l’humiliation pour en montrer l’impulsion contradictoire, Zappa mets celle-ci en scène dans tous les registres musicaux possibles.
Lydia Goehr est philosophe et musicologue, titulaire de la chaire Fred et Fannie Mack de Sciences humaines au département de philosophie de la Columbia University de New York.
Ses recherches portent sur la philosophie de la musique, l’esthétique, la théorie critique, la philosophie de l’histoire et la philosophie des XIXe et XXe siècles. La plupart de ses ouvrages se focalise sur les arts musicaux, en explorant notamment la relation compliquée et souvent hostile entre les différents arts, et entre les arts et la philosophie. Elle s’est également engagée dans l’étude et la critique de la violence dans les arts.
Lydia Goehr est l’autrice de The Imaginary Museum of Musical Works : An Essay in the Philosophy of Music ; The Quest for Voice : Music, Politics, and the Limits of Philosophy ; Elective Affinities : Essais musicaux sur l’histoire de la théorie esthétique ; Red Sea-Red Square-Red Thread. A Philosophical Detective Story ; co-éditrice avec Daniel Herwitz de The Don Giovanni Moment. Essays on the legacy of an Opera et, avec Jonathan Gilmore, de Blackwell’s A Companion to Arthur C. Danto. Ses projets de livres actuels sont une monographie sur David Lean (dans la série Bloomsbury sur les cinéastes comme philosophes), et Violin Lessons : Notes toward a Philosophy of Practice.