19.10.96 – 22.12.96
Tonet Amorós
Les chants des artisons
Commissariat : Michel Bourel
Insectes invisibles, difficilement audibles, les artisons rongent le bois des arbres. Ils sont une forme de la vie, pris dans le cycle de transformation de la matière sans cesse renouvelée entre création et destruction. Depuis qu’il a commencé à travailler dans le milieu des années 80, Tonet Amorós, à travers une vision à la fois ironique et intuitive, élabore ses œuvres comme un rituel qui confronte l’organique et le technologique. Des références cachées au mysticisme et à l’ascétisme, des structures mathématiques cryptées qui président au développement et à la croissance des formes sous-tendent un travail qui répond à une conception anthropomorphe de l’univers. Le secret, l’enfoui, le caché, le squelette invisible sous l’enveloppe corporelle sont au cœur des premiers travaux de l’artiste. Le cocon, les formes larvaires réalisés en fonte d’aluminium ou en paraffine, l’usage du plomb, du silicone mais aussi de la chaleur, de la lumière, des fibres optiques ainsi que celui de mécanismes technologiques pour créer des cycles temporels à l’image des cycles biologiques, tout dans ces travaux parle de métamorphose, de transformation et de confrontation – rapprochement entre le naturel et l’artificiel.
Dans l’exposition Le chant des artisons présentée à la Villa Arson, Tonet Amorós propose un déplacement de son travail dans les matériaux utilisés.
La lumière artificielle projetée contre une fenêtre lutte avec la lumière naturelle : l’œuvre trouvera à deux moments de la journée un point d’équilibre entre les deux sources lumineuses, de même que les deux horloges synchrones, l’une avançant, l’autre retardant, seront à la même heure à minuit chaque jour.
La pulsation est au cœur de cette exposition : pulsation des horloges numériques, pulsation qui préside à l’apparition des mots inventés par l’artiste. Au suffixe « Matière », il a ajouté 400 préfixes, créant au moyen du langage, une prolifération dans l’univers du réel. Dans le cocon de bois, image latente d’un corps en rotation, la pulsation n’est plus visible mais très sensiblement audible. C’est celle des « artisons » qui nous rappellent qu’il y a une forme de vie au travail à l’intérieur d’une autre.
Tonet Amorós est né en 1961 à Lerida, il vit et travaille à Barcelone. Il expose régulièrement depuis 1985, notamment à la galerie Angels de la Mota et Antoni Estrany de Barcelone. Cette exposition est sa première exposition personnelle hors d’Espagne.