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25.11.00 – 25.02.01

Scène de la vie conjugale

Avec: Richard Billingham, Anne Brégeaut, Brice Dellsperger, Christelle Familiari, Nan Goldin, Florence Paradeis, Ann-Sofi Sidén, Eulàlia Valldosera

Commissariat : Laurence Gateau

Scène de la vie conjugale constitue la troisième partie du cycle d’expositions “Action, on tourne” dont le titre, s’il rappelle les relations de la Côte d’Azur avec l’industrie cinématographique (les Studios de la Victorine, le festival de Cannes, et plus largement « l’effet cinéma », produit du climat général et qui rejaillit autant sur les comportements que sur les ambiances…), n’institue cependant ni programme (sinon celui d’un engagement dans la durée), ni thématique. Il propose plutôt de porter un regard transversal sur les pratiques contemporaines de l’exposition, de les confronter, par analogies, à certains modèles, mécanismes ou moments singuliers du décorum cinématographique.

Scène de la vie conjugale ou : comment ça se passe dans ce huis clos de la sphère privée, dans ce paradis de l’intime, dans cet enfer du domestique. À l’heure où l’espace privé se voit menacé dans son autonomie par l’expansion de l’activité économique. À l’ère de l’information, où rien de ce qui vous est le plus secret ne nous est inconnu. À l’âge de l’accès, qui est aussi celui du triomphe du panoptique, les relations particulières sauront-elles résister à la marchandisation des corps et des sentiments ?

Il semble bien que ce domaine obscur, qui n’est pas épargné par l’affrontement et la négociation (entre deux accalmies de félicité), s’affirme comme le dernier rempart de résistance à la violence symbolique exercée de façon coercitive par les forces conjuguées des rouleaux compresseurs des pouvoirs et des industries.

La vie conjugale, ce n’est pas seulement la question de la famille et de la filiation – ni même de la « vie maritale » – mais, bien plus certainement, c’est le lieu du rapport à l’Autre, qui ne saurait être réductible à une prétendue différenciation sexuelle. Donc : couple, mariage, famille, mais aussi et tout autant PACS, compagnonnage, fiançailles, aventure, passade, amitié, communauté, copinage, à 2 ou 3 (voire plus si affinités).

Exposer une « scène de la vie conjugale », ce serait réinventer des représentations du quotidien entendu comme expérience de la relation, du rapport – foncièrement politique et jamais banal. Soit : faire de la maison une seconde peau (Eulàlia Valldosera). Réinventer des modes de dialogue, en pervertissant le cliché des « ouvrages pour dame » (Christelle Familiari). Se livrer à une folie douce et transgressive (Ann-Sofi Sidén). Envisager la maison comme lieu de l’inquiétante étrangeté et de l’impossible solitude (Teresa Hubbard & Alexander Birchler). Rejouer la répartition des rôles au sein du couple (Florence Paradeis). Réinventer les identités, au-delà des genres (Brice Dellsperger). Se replier sur la communauté familiale (Richard Billingham) ou amicale (Nan Goldin), en assumant cette confusion de faire de sa vie, une œuvre. Rêver au bonheur, tout en le sachant impossible, mais y rêver quand même (tout en le trouvant ennuyeux…) (Anne Brégeaut).