15.04.94 – 8.05.94
Pierre-Yves Magerand
Les inférences silencieuses
Commissariat : Christian Bernard
Dans le cadre du programme de la Galerie de l’École, la Villa Arson présente le travail de deux résidents, Ernst Kapatz et Pierre-Yves Magerand, et celui d’un ancien élève de l’EPIAR, Timmy Mason. Ces trois expositions monographiques proposent des travaux inédits quasiment tous réalisés sur place qui permettent d’articuler respectivement trois attitudes différentes devant la peinture, la sculpture et la photographie.
Pierre-Yves Magerand a réalisé pour l’Allée des Cyprès, en regard de la Galerie de l’École, une œuvre in situ intitulée Les inférences silencieuses. Le titre renvoie à la théorie des inférences inconscientes du philosophe et physicien allemand Herman von Helmholtz (1821-1894) qui envisageait la perception comme processus « silencieux ». Selon lui, les inférences à la base de tout acte perceptif sont de nature inconsciente. Elles naissent d’associations formées par l’expérience, conscientes au départ, mais, une fois stabilisées, elles échappent à notre conscience et n’en continuent pas moins de fonctionner. Dans l’Allée aux Cyprès, Pierre-Yves Magerand a délimité un espace à l’aide de piquets disposés à égale distance et reliés entre eux par de la ficelle, plaçant ainsi l’œuvre dans une situation plastique proche de la fouille archéologique. Visible de différents points de vues, la sculpture au sol n’est jamais saisissable dans sa totalité. Passage obligé pour descendre dans l’allée, elle se donne à voir au fur et à mesure de l’avancée dans « l’épaisseur des choses » (Ponge), au rythme de la promenade. Intervention ténue à la limite du visible, la sculpture est avant tout un champ d’indices qui s’inscrit comme lieu réel et virtuel, se superposant à l’espace réel par une occupation maximale du sol. Ce projet se propose comme un dispositif de signes instaurateurs d’un « monde », placé dans un parcours où des temporalités multiples se trouveraient sollicitées : territoire de l’expérience, de la mémoire, du mythe, etc.
Catherine Macchi