27.03.99 – 6.06.99
Patrick Corillon
Sous les branches de l'olivier
Commissariat : Michel Bourel
Le visiteur est attiré par un olivier plusieurs fois centenaire du jardin de la Villa Arson. Il s’approche et découvre l’étrange dispositif de sept lessiveuses enchaînées les unes aux autres autour du tronc. Un avis officiel lui raconte une histoire qui fait de cet « arbre à fantômes » un lieu de mémoire et de curiosité. Il ne pourra résister à l’envie de soulever les couvercles au risque de laisser s’échapper de vieux fantômes. Les souvenirs écrits à l’intérieur des couvercles laissent le lecteur hésitant sur la vérité des faits dont il a pris connaissance.
Pour son exposition, Patrick Corillon a réalisé une œuvre qui s’apparente à certaines de celles qu’il a installées depuis presque 10 ans dans des lieux qui suscitent chez lui et pour les personnages dont il invente les vies, la réminiscence et la narration de petits épisodes. Dans son travail, les éléments visuels et narratifs se retrouvent dans les objets, installations, vidéos, photographies et entretiennent des rapports qui en font un digne héritier sur ce plan de Magritte et Broodthaers.
Au début des sa carrière, Patrick Corillon a conçu une œuvre qui sous forme de boîtes grillagées contenait des textes rapportant des faits concernant des animaux, un peu à la manière de Pline, s’approchant d’une démarche scientifique et qui rendaient la narration plausible ou improbable selon que le spectateur devenait son complice ou non.
En 1988, Patrick Corillon crée le personnage d’Oskar Serti, qui mourra le jour de sa propre naissance. Chaque exposition devient alors l’occasion de révéler un moment isolé de la vie de ce personnage et des autres qui ont entretenu une relation avec lui. La même histoire est souvent racontée selon plusieurs points de vue que des dispositifs simples et discrets, mais réalisés avec le plus grand soin, indiquent au visiteur de l’exposition qui en fait alors l’expérience mentale et physique.
Auteur de textes, Patrick Corillon fait un usage récurrent des contraintes à la façon des membres de l’Oulipo, Pérec, Roubaud qu’il admire. D’ailleurs l’artiste ne cache pas ce qu’il doit à la fois à des artistes (Duchamp parmi d’autres) et à des écrivains (Kafka, Borges, Pessoa).
Mais pour lui le texte ne peut être autonome. Il est lié à une commande, une circonstance (l’œuvre, l’exposition) et a pour effet de retenir le visiteur qui, obligé du temps de la lecture, éprouve la durée de l’œuvre…
Né à Knokke en 1959, Patrick Corillon vit à Paris.
En 1986, il conçoit et réalise l’exposition Que reste-t-il d’un artiste dont les œuvres auraient été détruites, volées ou achetées ?, dans laquelle il expose des objets dont il n’est pas l’auteur.
En 1988, il commence à exposer ses propres travaux (Plaques émaillées) de façon régulière dans des galeries (galerie des Archives, Paris, 1991, 1993, 1997, 1998) et dans des centres d’art et musées en France et en Europe (Palais des Beaux-Arts, Charleroi, 1997 ; Centre d’Art Contemporain, Neuchâtel, 1996 ; Le Parvis, Tarbes, 1997 ; Château de la Napoule, 1998).
Il a participé à de nombreuses expositions collectives depuis 1988 parmi lesquelles : Vraiment faux, Fondation Cartier, 1988 ; Documenta IX, Cassel et Il faut construire l’Hacienda, CCC, Tours, 1992 ; Différentes natures, Grande Arche de La Défense, Paris, 1993 ; L’œuvre a-t-elle lieu ?, Witte de With, Rotterdam, 1994 ; L’empreinte, Centre Georges Pompidou, Paris, 1997 ; Transit, Paris, 1998.
Il a réalisé une vingtaine de livres et albums, qui sont parfois une œuvre en soi, et des vidéos.
Patrick Corillon a réalisé son exposition lors d’une résidence d’artiste à la Villa Arson bénéficiant du soutien de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Provence-Alpes-Côtes d’Azur.