11.01.92 – 2.02.92
Olivia Boudet
100 Avenue des Amériques
Commissariat : Christian Bernard
Très tôt, Olivia Boudet a défini l’horizon de son activité picturale en la plaçant précisément dans l’après-coup problématique des derniers tableaux de Malévitch.
On se souvient que le paysage s’y relève dans le plan que coupe l’horizon. L’image s’abstrait alors du monde dans la pauvreté d’une icône profane pour laquelle il n’a plus d’autre visage que celui qu’esquissent et qu’effacent les rudiments d’une géométrie aveugle.
La figure indexe donc, dans les toiles d’Olivia Boudet, une crise insurmontée de la peinture. Mais si elle offre le scrupule d’une image allusive, c’est pour désemphatiser la sobre imbrication des aplats.
Ces claires silhouettes de constructions (maisons, toits, tours, châteaux, etc.) sont comme les ombres portées d’un constructivisme retombé en enfance, en même temps qu’elles fournissent une méthode de réduction, indirecte mais lumineuse, pour régler la simple bi-partition d’une surface.
Sous cet idéalisme sommaire, mais tout à fait cathartique, perce sans doute quelque nostalgie des épures métaphysiques, de Chirico à Morandi, et des ténuités lumineuses, d’Agnes Martin à Robert Mangold – admirable tremblement du crayon (travail et prétérition du trait) dans la fausse certitude de la couleur (les faux-semblants du plan).
Mais ces portraits de rien qu’une ligne de partage, ces plans vides qui ne recouvrent aucun secret, ont l’évidence apaisée des dérélictions pures et des chants sans adresse.
Avec Shapiro, puis avec Spalletti et Kiecol, la sculpture avait déjà usé de cette rigueur mutique, hantée de mélancolie douce, où le réel et son double, désormais imprésentables l’un et l’autre, trouvent l’occasion d’une fragile et furtive mise au net.
Olivia Boudet est née en 1966. Ancienne élève de l’école de la Villa Arson, elle vit à New York depuis 1990. La présentation de son travail dans la Galerie de l’Ecole constitue sa première exposition personnelle.