13.04.91 – 27.05.91
Michel Verjux
Sept ans de réflexion
Commissariat : Christian Besson
Michel Verjux n’est ni peintre ni sculpteur. Il utilise uniquement la lumière de projecteurs et parfois quelques accessoires. Pourtant, avec ses éclairages, il a su prendre une place remarquée dans le sillage de nos « classiques ».
L’exposition qu’il réalisera en avril 1991 à la Villa Arson prend donc logiquement la suite des monographies rétrospectives et, entre autres, celles consacrées à Niele Toroni (1987) et Didier Vermeiren (1987) ces dernières années.
L’œuvre déjà en place dans le grand hall d’entrée et qui vient d’être acquise par le Fonds National d’Art Contemporain, fut commandée dans le cadre de la manifestation Sous le soleil (1988) et sera le point de départ d’un parcours dans les salles d’exposition de la Villa Arson. Une façon originale sans doute de « faire la lumière » sur la logique de ces lieux.
Les perspectives offertes par ce travail sont immédiates et réfléchies tout à la fois. Le titre de l’exposition y fait allusion, comme aux plus anciennes pièces (avec des carrousels de diapositives) qui remontent à 1983 et qui seront d’ailleurs, pour certaines, intégrées au parcours. L’ensemble des salles d’exposition de la Villa Arson, par son aspect très diversifié, se prêtait plus que tout autre au déploiement de ces éclairages.
Michel Verjux
Villa Arson – Nice
“Sept ans de réflexion” est le titre donné par Verjux à son exposition à la Villa Arson : manière ironique de signaler l’ancienneté de son travail comme ce qui en est le signe : la lumière. Se déclarant volontiers “éclairagiste”, Michel Verjux a rassemblé ici un échantillonnage assez complet de sa production, certaines pièces étant “réactualisées” en fonction des contraintes du lieu.
Un parcours particulièrement construit s’organise dans les salles de la Villa. Le premier “projecteur”, situé à l’extérieur de l’espace d’exposition, produit un cercle fragmenté sur un mur extérieur d’une part, et une cimaise d’autre part, à la manière de la peinture classique, invitant le spectateur à rentrer “dans” l’oeuvre. Se succèdent ensuite une série de pièces qui déclinent les possibilités du cercle formé par la lumière : fragmentés, entiers, par paires, à l’unité,… et même au plafond.
L’étage inférieur présente des pièces plus anciennes, comme les “portes”, qui cette fois ont été modifiées légèrement. Il ne s’agit plus en effet du renvoi des portes de deux murs face à face, mais de la répétition sur le même mur de la forme d’une porte, figure induite par la configuration du lieu. “Hommage au mur” est présenté dans une petite salle annexe : deux projecteurs différemment éloignés superposent deux rectangles de couleur, comme une peinture géométrique. Enfin, “suite de quatre pour cinq” reproduit la lumière du jour à travers cinq fenêtres, sur les quatre intervalles correspondant sur le mur d’en face. Cette pièce s’articule parfaitement avec l’oeuvre de Verjux qui est en permanence dans le couloir principal de la Villa Arson, qui renvoie sur le sol la lumière de vasistas au plafond.
Ce que montre très clairement cette exposition, entre les deux étages occupés, est la différence dans “L’évolution” du travail dans le temps. La “baroquisation” évidente de l’oeuvre, en même temps qu’apparait le processus de fragmentation, la rend à la fois moins immédiate et plus complexe. Si l’oeuvre conserve en effet cette tentative de
“révéler l’espace” propre aux années 70 et 80, elle s’augmente désormais d’une dimension baroque, ne s’interdit pas l’humour (ainsi ce rond de lumière au plafond), et tend également désormais aussi vers le modèle musical, comme en témoignent les titres de pièces plus récentes, et qui empruntent leur vocabulaire à la musique.
Verjux est sans doute aujourd’hui le seul artiste à utiliser la lumière et les projecteurs de théâtre qui produise une oeuvre dont est exclu tout effet “théâtral”.
Le catalogue constituera la première monographie méthodique publiée sur l’œuvre de Michel Verjux. Outre des contributions critiques et un album photographique – lui-même conçu comme un parcours visuel indépendant – il se veut un outil documentaire précis et comportera le descriptif complet des œuvres réalisées à ce jour par l’artiste.