2.02.90 – 25.02.90
Martin Kippenberger
Martin Kippenberger
Commissariat : Christian Bernard, Axel Huber
…Qui tenterait de définir un style collectif pour ces sculptures serait bien mal venu puisque le problème n’est pas qu’elles aient un style mais qu’elles soient de style. (Au reste, qui songerait aujourd’hui à aborder l’art avec les armes classiques de l’historien ?) Ou plutôt, qu’incidemment elles aient l’air de ces œuvres qu’on voit ailleurs et qui ne sont pas de Martin Kippenberger, bref, qu’elles aient l’air de pouvoir coexister avec les autres œuvres (celles des musées, des galeries).
Elles n’ont pas de style propre et ne s’affichent pas avant tout comme produit de leur auteur : il n’y a chez Kippenberger aucun système, aucune surprésence de la paternité (puisqu’on sait bien que c’est avant tout un truc pour le commerce : je vois, j’identifie immédiatement, je sais combien ça vaut). Elles sont plutôt un produit anonyme du contexte proche et lointain qui les autorise : la galerie, l’exposition, l’art, le marché, la vie. Elles sont faites de rien mais, bien entendu, tout y est : le commerce, la starification, la collection … et tous ces thèmes qui aujourd’hui fondent ce qu’il est convenu de trouver bien : c’est cohérent, c’est donc de l’art, et ce n’est pas “n’importe quoi”. Si Kippenberger a cette position très confortable de pouvoir présenter un peu tout, c’est, précisément, que l’art est un peu tout. Kippenberger artiste de métier, fait donc son métier.
Eric Troncy
Halle Sud, n° 22, 1989
…Le sujet est donc un filtre enregistreur. II n’attend pas l’inspiration et la vérité qu’il exprime ne vient pas de lui. Il s’agit de “reproduire la réalité de l’Etat”. Pour ce faire, il faut bien savoir où se situent morale et politique. La vérité en peinture ne consiste pas à dénoncer, mais à reproduire. II vaut mieux “exalter” que dénoncer. Warhol déjà était plus près de la vérité que les nouveaux figuratifs engagés européens de son époque. La bêtise, la parodie ou l’ironie libèrent la possibilité d’une inscription plus directe du monde. L’important est de parvenir à le dire, avant de le juger : “L’humour et l’ironie sont des stratégies vitales et des parties essentielles du bon art”.
Christian Besson
cat. Le radius Kronenbourg, Villa Arson, fév.1987
Après qui vous énerverez-vous, le jour où je ne serai plus.
Martin Kippenberger cat. Situation Berlin, Galerie d’art contemporain des Musées de Nice, juil. 1981