27.10.01 – 6.01.01
Mark Lewis
Mark Lewis
Commissariat : Laurence Gateau
Mark Lewis, originaire du Canada (Hamilton, 1957), il a suivi sur le continent européen une formation artistique auprès de Victor Burgin, célèbre artiste de la mouvance de la photographie conceptuelle pour lequel l’image est avant tout un code et un moyen d’expression bien avant d’être une fin en soi ou un médium autonome.
Après des travaux photographiques de nature documentaire, où sa pratique s’accompagne d’une abondante production théorique, liée aux questions du féminisme et de la psychanalyse, il s’intéresse à un champ entremêlant délibérément l’histoire de l’art et l’interrogation politique : la statuaire publique et, plus largement, le destin et les significations de l’art public dans l’espace social contemporain. Sans dévier de telles préoccupations dont il a pointé la complexité et l’actualité, Mark Lewis a décidé, depuis le milieu des années 90, de n’user que d’un seul médium : le cinéma.
Sa première production dans ce domaine dont il accepte le carcan des règles professionnelles, Two Impossible films, au programme d’une ironie explicite, est la mise en œuvre de deux projets de films n’ayant jamais vu le jour. L’Histoire de la psychanalyse commandée par le fameux producteur Samuel Goldwin à Sigmund Freud, qui s’y est fermement soustrait ; et l’adaptation, entreprise par Eisenstein interdite par Staline, du Capital de Marx. Un tel coup d’envoi affiche sans équivoque ses partis pris.
Il s’inspire des essais rigoureux du cinéma expérimental qu’il entrelace d’effets burlesques (North Circular, The Pitch, Central…). En bref, c’est d’un cinéma affranchi des étiquettes et des registres dont il s’agit, pour mieux mettre ces derniers en relief, pour créer des rapprochements éclairants et jouissifs. Utiliser toute la palette offerte par le médium lui-même et son histoire, tel est son horizon.
Les objets filmiques ainsi produits sont destinés à des lieux dédiés à l’art : galeries, musées, expositions. Mis en boucle la plupart du temps, projetés au mur en pleine lumière et sans siège pour s’abandonner à la fascination, ces films revendiquent d’être appréhendés à la manière de tableaux mobiles, autorisant la déambulation, la saisie en cours, ou l’analyse d’un spectateur libre du dispositif régressif de la salle obscure.