4.07.93 – 3.10.93
Le Principe de réalité
Avec: Henry Bond, Anya Gallaccio, Gregory Green, Karen Kilimnik, Douglas Kolk, Charles Ledray, Max Mohr, Philippe Parreno, Philippe Perrin, Julia Scher, Lauren Szold
Commissariat : Christian Bernard, Axel Huber, Francine Stoecklin
Argument
On pourrait poser schématiquement que les années quatre-vingts ont marqué l’acmé de la représentation sous la forme du simulacre généralisé, de la virtualisation du monde, de la simulation et de la dissimulation des choses, des objets, des marchandises, du réel. Le monde était à distance derrière le miroir de la médiatisation, dans tous les sens du terme, c’est-à-dire aussi bien dans le sens de la circulation des signes spectaculaires que dans celui de la spectacularisation des échanges.
Au début des années quatre-vingt-dix sont apparues des propositions artistiques qui brisaient ce cercle de la représentation pour permettre au réel, au pire sens du mot, de faire irruption dans le champ de l’art, autrement dit dans le lieu où l’art a lieu. Ces propositions échappent largement aux catégories reçues et introduisent non pas un équivalent ou une métaphore de la violence du monde mais des formes réelles de cette violence même, qu’elle soit sociale, morale, politique, économique ou symbolique. Il ne s’agit pas d’un retour de la réalité mais bien d’une effraction inédite de celle-ci, libérée de toute médiation, de toute entrave esthétique. Les questions du mal, de la pulsion de mort, de la destruction de la raison et de la sensibilité s’en trouvent tout à fait renouvelées. On a dès lors affaire à des situations qui résultent d’interventions offensives qui sont autant de réponses insoutenables à l’insoutenable dureté de l’être. Comme si la réalité de l’aliénation et l’aliénation de la réalité n’étaient que les deux faces d’un nouveau type de ready-made dont l’art ferait une arme blanche.
Christian Bernard