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18.03.94 – 10.04.94

Jérôme Boutterin

Entre chien et loup

Commissariat : Christian Bernard

Il y a d’abord l’intention de faire des tableaux et leurs sujets, sous forme d’épure, de matrices ou même de leurres car chacun de leurs motifs est lisible mais absent.

Quatre plaques d’isorel sont suspendues sur la paroi aveugle. Une forme est découpée dans chaque plaque, celle-ci s’accrochant par le vide ainsi découpé à un clou au mur. Ces plaques ressemblent à des feuilles par leur faible épaisseur et leur aspect voilé.

Cinq autres feuilles, intactes, sont appuyées contre les ouvertures par lesquelles pénètre la lumière afin de tenter la pénombre réelle avec les moyens du moment, c’est-à-dire volontairement dans une sorte de précarité et d’urgence liées à un instant d’observation des formes découpées.

Vouloir un peu moins de lumière, c’est ce que l’on cherche lorsque l’on plisse les yeux pour voir l’essentiel, de peur de se perdre dans le détail. C’est aussi parce que ces découpes seraient achevées sous la pleine lumière. Enfin, parce que l’extérieur trop présent, pourrait rappeler l’absurdité de cette entreprise.

Cet enfermement ressemble à celui du regard lorsqu’il se pose sur chaque découpe. Ces feuilles se font face et s’opposent dans un mouvement contradictoire qui est un point d’équilibre entre la situation toujours centrée du tableau, le désir du motif indifférent à sa périphérie, dans sa propension à occuper et à rendre les fonds comme accessoires ou faire-valoir, et l’attention à cette autre périphérie qu’est le dehors.

C’est donc cette sorte d’antinomie, entre sujet centré et « réalité » périphérique, qui forme le squelette de cette disposition.

Jérôme Boutterin

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