29.03.91 – 14.04.91
Jean-Jacques Condom
Peintures noires
Peintures Noires
– Une condition de perception de l’espace, d’appréhension du temps, de la couleur, de la limite de sa forme. La tension de l’ensemble, non agressive, peu démonstrative, peu didactique ne promet qu’une chose : celui ou celle qui pénètrerait dans cet espace (de la peinture) serait conduit à changer la nature de sa pensée.
– Regarder le noir, le toucher des yeux de la main, même là où le noir devrait s’étendre et obscurcir la puissance même du regard pour évacuer toute idée de figuration. Que l’idée de la couleur (le noir), du regard accentue par contraste une énergie presque statique qui suggère sans montrer.
– Le monochrome comme l’idée de l’abstraction de la limite des fonds. Un geste qui désigne quoique caché, geste qui calme le jeu de le ramener à la réalité « du regard ». L’idée n’a pas d’autre sens : créer des formes essentielles pour répondre le plus justement possible à l’exigence du regard. Peindre un tableau sans objet que celui de la couleur (le noir) pour prétendre à une idée du temps de l’intervalle du glissement entre les états d’une toile à l’autre. Ce qui est saisi chaque fois, ce sont les puissances qui viennent border, délimiter, montrer et même contrarier ces peintures (noires) simple jeu du noir, couleur la plus proche de l’indistinct, la plus proche de l’absence du tableau.
– La dimension, la répétition, le format identique, l’intervalle entre chaque pièce, la hauteur de l’accrochage, renforcent l’évidence équilibrée du noir des séries.
– « Porter la couleur au noir. » Le noir n’est pas ici territoire de l’abolition des différences, mais espace tendu de l’exaspération des différences, le profane voit les monochromes noirs comme des écrans opaques, des négations de la peinture, tout indique qu’il ne suffit pas de voir, qu’il faut savoir nommer. Comprendre ce que l’on voit et ne pas y rester insensible.
– La peinture peut rester muette, noir sans fin, noir ténèbres mais sans épouvante, la toile vit, mais elle n’en sort pas pour autant indemne. Seul le regard…
Jean-Jacques Condom