11.04.98 – 14.06.98
Gilbert Caty
Saudade do futuro
Commissariat : Michel Bourel, Axel Huber
« De 1990 à 1996, Gilbert Caty fut en Amazonie. Il y travailla et aussi n’y fit rien. De nombreuses personnes ne font rien en Amazonie. Pas forcément par choix, surtout parce qu’il n’y a rien à faire et que l’atmosphère y participe. Les hamacs de l’exposition invitent à une relaxation durant laquelle il sera loisible de mâcher du chewing-gum, par exemple. Mais Saudade do futuro n’est pas tant une proposition atmosphérique qu’une réflexion sur la peinture et sur les avant-gardes. Le travail de Gilbert Caty est depuis toujours une interrogation sur de nombreuses choses, parmi lesquelles les conditions de sa propre validité, et son insertion dans une continuité historique. Il soumet toute son œuvre à une seule et même contrainte, à la fois tragique et dérisoire, qui consiste en l’inscription de toute image dans un toujours identique format carré de 50 cm de côté. Sachant que cette règle peut être et est transgressée, parfois ou souvent. C’est l’artiste qui décide. Ainsi, les hamacs ne sont pas rouge jaune bleu pour des raisons d’agrément, mais de morale. Ainsi, telle image d’Indien bandant son arc n’est justifiée que par le fait que son pagne dessine au mur une surface rouge monochrome de 50 x 50 cm. L’Indien s’inscrit dans le projet. L’Indien pourrait être un Eskimo, ou un Lyonnais. Le hamac pourrait être sous les fesses de Barnett Newman. Ainsi, la Saudade do futuro, c’est celle de l’art moderne, de Rodtchenko particulièrement. C’est la nostalgie d’un futur que promirent les avant-gardes historiques, et qui ne vint jamais, c’est la nostalgie d’un projet social dans quoi la peinture avait une place. C’est peut-être comme une dette ou un regret, mais en tout cas pas comme un deuil. Quand les Indiens ont la saudade, au lieu d’être tristes et de se moucher bruyamment, ils boivent et font la fête jusqu’à ce que quelque chose arrive. Souvent, rien n’arrive. Alors ils continuent. » – Maxime Matray
Gilbert Caty est né en 1956 à Draguignan. Il vit et travaille à Nice. Après des études artistiques à la Villa Arson, Gilbert Caty commence en 1987 à montrer son travail dans des expositions collectives (Germinations IV, La création au Sud).
En 1988, la Villa Arson édite un catalogue à l’occasion des expositions Sexual Folly, Villa Arson, Nice et Welcome, galerie de la Tête d’Obsidienne, La Seyne-sur-Mer, premières expositions personnelles de l’artiste.
Gilbert Caty s’établit en 1990 en Guyane Française où, jusqu’en 1993, après avoir créé la Fondation René d’Azur, centre d’actions perpétuelles, il œuvre sur les rives du fleuve Oyapock, seule frontière entre la C.E.E. et le Mercosul (Brésil).
Gilbert Caty revient en 1996 à Nice. Il intervient à La Station, Nice Fine Art et à la Villa Arson en 1997.