13.04.14 – 9.06.14
Aurélien Froment
FRÖBEL FRÖBELED
Aurélien Froment présente, pour la première fois dans une exposition, la séquence complète des jouets éducatifs de Friedrich Fröbel (1782-1852).
Fröbel, pédagogue allemand, est le fondateur en 1837 du premier Kindergarten (jardin d’enfants).
Inspiré par les idées de Rousseau et par les expériences du pédagogue suisse Johan Pestalozzi, Fröbel défend une forme de pédagogie où le jeu est au centre. Fröbel inclut au sein de l’école des activités telles que le chant, la danse, le jardinage, la création de cartes géographiques et développe à partir de 1837 une série de jouets pédagogiques, les “dons à jouer” (Spielgaben). Il utilise des jouets qui existent déjà (cubes de bois, balles de laine, bâtons) et les débarrasse des ornements qui les réduisaient à une seule fonction, tout en les liant entre eux par une grille géométrique. Tout est dans tout nous dit Fröbel. Fröbel conçoit un système global et original qui contient potentiellement l’univers tout entier.
L’intérêt que Froment porte à Fröbel s’est développé au fur et à mesure de recherches et de rencontres qui se sont multipliées depuis une dizaine d’années, stimulées par les interprétations nombreuses et parfois contradictoires de ses idées pédagogiques. Le peu d’instructions laissées par Fröbel quant à l’usage de ses jouets a autorisé depuis le milieu du XIXe siècle, de nombreux éducateurs et fabricants à s’approprier le matériel éducatif du Kindergarten, faisant de Fröbel une figure en creux de la modernité.
Continuité et opposition caractérisent systématiquement le monde des dons de Fröbel : une balle en laine est transformée en sphère de bois ; une sphère est transformée en cube par l’intermédiaire d’un cylindre ; un cube est divisé en parties égales et ainsi de suite, jusqu’à ce que les volumes deviennent des surfaces, les surfaces des lignes, et les lignes une infinité de points. Norman Brosterman écrit dans Inventing Kindergarten : «à l’inverse des jeux de cubes, de mosaïques ou des activités manuelles qui les avaient précédés, les dons n’étaient jamais proposés pour jouer de manière complètement libre. Leur utilisation était toujours reliée à ces trois champs : formes de la nature (ou de la vie), formes de connaissance (géométrie, mathématiques et sciences) et formes esthétiques (art).» Une chaise, une maison ouvrière, un train, une ruine ou une fleur pouvaient surgir à partir de ces formes géométriques simples tout autant que se trouvaient introduites des notions telle que unité et interconnexion. Le potentiel de chaque jouet ainsi que les applications qui lui étaient associées étaient donc multipliés par sa capacité à représenter, à démontrer ou à être arrangé d’une façon agréable à l’oeil.
Les dons sont présentés dans l’exposition avec un ensemble de photographies représentant chaque objet, cartographiant la pédagogie de Fröbel tout en créant des relations avec d’autres utilisations de la grille géométrique dans les domaines de l’art, de l’architecture ou de l’industrie. Chaque don est représenté par Froment de différentes façons : aux trois domaines de formes proposés par Fröbel – nature, connaissance et art – Froment propose d’en ajouter deux autres, formes culturelles et formes matérielles. Les dons sont mis en scène d’après d’autres images : d’après des gravures figurant dans les manuels à l’usage des enseignantes du Kindergarten mais aussi d’après certaines icones de l’histoire de la photographie (photographie de la Lune), ses genres (photographie d’architecture, photographie scientifique), ou ses écoles (la Nouvelle objectivité). La série d’images esquisse l’atlas d’un monde d’archétypes, projetés à partir d’une même grille géométrique. Que Froment les ait photographiés comme des maquettes, des produits ou des schémas, ces figures, extraites de leur contexte éditorial et séparées de leur légende, forment dans l’exposition une constellation d’images comme un autre don de Fröbel. Pour Fröbel, comme pour Froment, chaque forme en engendre d’autres et chaque image est la clé d’autres images.
Fröbel Fröbeled est une exposition sur Fröbel avec Fröbel, une exploration de son art, ainsi qu’une réflexion sur les éléments qui sous-tendent son système d’objets.
Cette exposition fait suite à deux résidences de l’artiste à la Villa Arson lors des étés 2012 et 2013.
L’exposition est réalisée en collaboration avec Contemporary Art Gallery (Vancouver) ; Spike Island (Bristol) ; Frac Île-de-France – Le Plateau (Paris) ; Heidelberger Kunstverein (Heidelberg ) et reçoit le soutien de l’Institut Français.
Une publication conjointe aux cinq partenaires accompagne le projet.
Dons de Fröbel réalisés par Marc Raimbault
Boites réalisées par Stephen Gaughan
Tables conçues et réalisées par Martino Gamper
Assistant à la prise de vue et scans : Vincent Lestienne
Assistante : Floriane Spinetta
Impressions : Dominic Turner
Encadrement : Morris Deegan