8.02.19 – 26.05.19
dérobées
Avec: Flora Moscovici, Linda Sanchez
Commissariat : Éric Mangion
Un projet issu d’une résidence de Flora Moscovici et Linda Sanchez qui se rencontrent pour l’occasion et imaginent de croiser leur pratique – de la lumière, de la couleur et des matériaux – dans une appréhension commune de leur environnement à la Villa Arson, pour une installation produite in situ dans la galerie carrée du centre d’art.
Réunir deux artistes qui ne se connaissent pas et qui n’ont pas forcément les mêmes pratiques pour une exposition dans un même espace est toujours un défi. Le pari est d’autant plus délicat quand l’espace est autoritaire. En l’occurrence, il s’agit ici de la galerie carrée du centre d’art de la Villa Arson, grande salle de 17m sur 17 m avec un sol en marbre et un plafond parfaitement quadrillé par seize alcôves de mêmes dimensions.
Le site de la Villa Arson a constitué le premier point d’ancrage des échanges de Flora Moscovici et Linda Sanchez autour des ambivalences qui se dégagent des lieux : celles de l’architecture, entre labyrinthe, navire et forteresse ; celles des relations entre le bâti et le végétal, entre le pointillisme minéral des murs de galets et celui des espèces méditerranéennes qui leur servent d’écrin, entre les lignes orthonormées des bâtiments et le foisonnement des formes présentes dans le jardin.
L’observation de ce qui existe déjà, de ce que « soumet » le lieu, les formes, couleurs et textures, a progressivement réunit les deux artistes sur l’idée de capter, transférer, reproduire et interpréter des types d’imprégnations, les effets du temps sur les textures.
Leurs approches se sont également combinées sur un style commun qui de prime abord peut sembler brouillon, accidenté parfois, où le geste n’est pas forcément visible ; où le rapport aux matériaux est libre, fait de volatilité et de liquidités, l’emploi de techniques de différentes natures sans hiérarchie et de manière composite. Surtout, les deux artistes ont pour point commun de travailler avec des matériaux bruts, de produire sur place.
Très rapidement Flora Moscovici et Linda Sanchez ont prêté attention à la lumière naturelle dans la galerie carrée, avec l’idée de laisser opérer les variations des heures et des contrastes. Puis, elles se sont intéressées à tout ce qui était initialement présent dans l’architecture : le plafond, le sol – les murs étant recouverts de cimaises – envisageant ainsi la possibilité de garder les principaux supports totalement vierges. Il s’agissait de dénuder l’espace, de retirer ses parties superflues, ses artifices, afin de mieux s’unir dans un travail sur la matière, le relief, les perspectives, les ombres, la couleur comme source lumineuse.
Les deux œuvres seront donc en suspension, évitant toute surenchère de production, se dérobant ainsi à l’effet monumental du lieu.
A l’autorité de l’invitation et de l’espace de la galerie carrée, les artistes répondent par la légèreté.
Flora Moscovici est née en 1985. Elle vit et travaille entre Douarnenez et Paris.
Diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy en 2011, elle a exposé dans plusieurs centres d’art, galeries et artist-run spaces en France, en Europe et au Canada. En 2018, elle a réalisé une commande pour le Centre national des arts plastiques dans le cadre de La nouvelle adresse à Pantin et pour l’Abbaye de Daoulas. Son travail a été exposé récemment au Creux de l’enfer, à la Vitrine du Frac Île-de-France, la Galerie de Multiples, 22,48m2, Triple V, DOC, Maison Salvan, la BF15 ou encore en résidence avec La Criée de Rennes.
Elle aborde la peinture en utilisant les possibilités extrêmement variées de ce médium, y compris dans ses marges. Ses interventions modifient la perception de l’espace et convoquent différentes temporalités, celle du geste pictural, la mémoire du lieu et l’histoire de la peinture entre sacré et vernaculaire.
Elle travaille également en duo avec Yoan Sorin sous le nom de Mobilier Peint, dans une pratique domestique au croisement de la peinture et de la sculpture.
Linda Sanchez est née en 1983. Elle vit et travaille à Marseille.
Diplômée de l’École supérieure d’arts d’Annecy, elle participe à de nombreuses expositions en France et à l’étranger. Elle mène plusieurs projets de collaboration avec des chercheurs, écrivains et artistes (Tim Ingold, Nicolas Tixier, Coline Sunier & Philippe Vasset, Baptiste Croze).
Entre sculpture et installation, elle construit des systèmes de capture et d’enregistrement dont les techniques sont inhérentes aux matériaux ou aux mouvements qu’ils transcrivent. Souvent indissociables de l’espace et du moment dans lesquels on les perçoit, ces formes résultent d’un entrelacement entre les qualités d’un phénomène physique et les conditions de l’espace architectural, social et culturel dans lequel il est activé. Ses oeuvres décrivent une négociation entre des opérations strictes, la rigueur d’une géométrie, d’une partition et la part sensible d’un évènement, d’un moment furtif.
Elle a été lauréate des prix Révélations Emerige en 2017 et Découverte des amis du Palais de Tokyo 2018.
Linda Sanchez est représentée par la galerie Papillon, Paris
à écouter, émission de France Culture, Les carnets de la création