30.06.19 – 13.10.19
Brice Dellsperger
Fucking Perfect, Body Double 36
Commissariat : Éric Mangion
Dans la lignée de la série Body Double, Brice Dellsperger présente Fucking Perfect Body Double 36, une installation vidéo multi-écrans d’après le film Perfect (James Bridges, 1985), produite et réalisée in situ dans la galerie carrée du centre d’art de la Villa Arson.
Mes vidéos Body Double (traduire doublure ou littéralement corps double) agissent comme des doublures de séquences de cinéma des années 70 ou 80 ; le titre fait référence au film de Brian de Palma (Body Double, 1984). C’est à ce jour une série de 40 films de durées variables dont le motif obsessionnel est le corps de la doublure dans le cinéma grand public. Selon une démarche rigoureuse mais émancipatrice, je fais rejouer chaque scène choisie par un·e unique acteur·ice travesti·e, super personnage interprétant tous les rôles par dédoublement.
En s’appropriant la forme linéaire/autoritaire d’un film, les Body Double visent alors à perturber le genre sexuel normé au moyen d’une esthétique camp.
Fucking Perfect. C’est la mode de l’aérobic dans les années 80 !
Perfect de James Bridges sort en 1985. Ce film montre avec superficialité les relations humaines dans les clubs de gym de Los Angeles, vues par les yeux d’un journaliste (John Travolta) qui tombe sous le charme d’une coach de gym au look androgyne (Jamie Lee Curtis).
Les études sur le corps postmoderne dans la société contemporaine américaine sont liées au contexte des années 80, période qui voit la consécration d’un corps-objet idéal rattrapé par l’épidémie du Sida. L’identification du virus HIV aura à partir de là une influence majeure sur la perception et la représentation des corps et de la sexualité.
La séquence du film à l’origine de Body Double 36 est celle du cours de gym. Un récit réduit au minimum, des gestuelles et des regards évocateurs, nous assistons ici à une véritable symbiose des corps, un synchronisme parfait sur le pseudo tube Shock Me, dans un pur moment d’expérience collective qui s’apparente à un orgasme. Différents types sont représentés, mais étrangement, se confondent, ce qui pourrait définir selon moi une nouvelle identité Trans.
Le corps-Trans d’aujourd’hui devrait rendre hommage au fitness des années 80 ! Son ambiguïté, ses transformations corporelles, la transgression de ses corps augmentés et sculptés par l’accomplissements personnel.
Des sujets que je mets en forme et en image dans une installation inédite. Comme dans un kaléidoscope, par jeu de miroir et d’agrandissement, la séquence y est doublée plusieurs fois. J’invite Jean Biche, artiste performeur qui se produit sur la scène parisienne du Manko Cabaret, à interpréter tous les personnages.
Sur le tournage qui a duré 10 jours, l’expression « Fucking Perfect » était consacrée pour dire qu’on allait enfin réussir à tout boucler, littéralement, « On va baiser Perfect », mais en anglais, cela veut aussi dire « C’est putain de parfait » !
Parallèlement à Fucking Perfect, je présente à La Station (Nice) dans L’âge du double tous les documents préparatoires à Body Double 36, avec un ensemble de story-boards, dessins, photographies et gouaches qui ont été utilisés pour les autres films depuis 1995. Dans une salle noire seront diffusés tous les numéros marquant de la série Body Double.
Brice Dellsperger, avril 2019
Installation vidéo à deux écrans avec miroir d’après le film Perfect (James Bridges, 1985)
Avec Jean Biche
Durée : 10 minutes, répétition
2 vidéo-projections HD synchronisées, son stéréo unique, miroir au sol, podium 220 x 220 x 37 cm (bois recouvert de moquette), peinture murale en dégradé progressif.
Images : Loic Bovon
1er assistant caméra : Alexandre Berry
Performeur : Jean Biche
Son : Didier Blasco
Montage et effets spéciaux : Brice Dellsperger
Production : Villa Arson
Production exécutive : Beau Bizarre
Assistant réalisateur : Antoine Conde
Incroyables assistants : Matthieu Maytraud, Hayoung Kim, Léa Doussière, Vincent Burger (étudiant·e·s de la Villa Arson)
Matériel : RVZ, Paris et Diacosmie – Centre de production de l’Opéra de Nice
Document de visite : Marie Canet, Brice Dellsperger (textes), Arnaud Maguet (design graphique)
Remerciements : aux équipes de la Villa Arson, de Beau Bizarre, de Diacosmie – Centre de production de l’Opéra de Nice, ainsi que Marie Canet, François Tarot, Julien Tibéri, Pascale Tiraboschi et Jean-Luc Verna.
Brice Dellsperger est représenté par la galerie Air de Paris (Paris)
A propos de Brice Dellsperger