18.01.97 – 9.03.97
Anne Marie Jugnet
Anne Marie Jugnet
Commissariat : Michel Bourel
S’agit-il d’un grand éclat de rire joyeux ou de la manifestation d’une ironie désabusée ? Dans le noir, le visiteur de la Galerie Carrée, n’ayant comme seuls repères spatiaux que l’interpellation d’une calligraphie monumentale, confrontera son ombre à la dimension physique du mot. En ressortant de cette « caverne », son regard sera convoqué par une lumière rouge et il pourra une fois encore, en lisant la petite phrase en néon, se poser la question qu’Anne Marie Jugnet lui adressait dans le noir sonore de la grande salle.
Deux œuvres donc, singulières dans leur technique, et avec la volonté de créer un contexte dynamique, nous conduisent vers un sens possible quoique incertain.
Si depuis le début des années 90, le travail d’Anne Marie Jugnet s’appuie sur le langage, le mot, les phrases écrites, il est d’abord une adresse et une interpellation à celui qui lit et en qui résonne intérieurement le son de cet appel. La lumière projetée, le néon, la vidéo, l’impression sont les supports de cette écriture souvent au seuil de la visibilité et qui parfois ne se révèle que par la présence d’un corps qui fait écran. Au cœur de la démarche de l’artiste, il y a la volonté de la participation, un échange entre l’artiste qui donne ses mots-images et le spectateur qui agit et se déplace dans l’espace et le contexte de l’exposition. Aller de l’un à l’autre, de l’espace intime à l’espace public, « perturbe le rapport traditionnel du langage avec l’image ». Les mots et les phrases aux sens multiples, ouverts, jamais dans la surenchère de la communication, nous requièrent et « comme en écho à une éventuelle question, semblent répondre à un désir de repères qui se transforme, par surplus d’informations, en égarement ».
Anne Marie Jugnet est née en 1958. Elle vit et travaille à Paris.
