Publié à l’occasion de l’exposition collective “le désenchantement du monde” (8 Juillet 1990 – 30 Septembre 1990) sous le commissariat de Christian Bernard. 

“Faut-il toujours déclarer ses intentions, dévoiler ses mobiles, mettre au jour ses maigres arrière-pensées? A quoi bon, finalement, tenter d’expliquer ce qui sera forcément reçu en fonction de paramètres étrangers au propos ? La peinture muette parle sur le mur disait Grégoire de Nysse. J’aime d’abord l’art pour son silence, si démonstratif soit-il, et les expositions pour leurs discours sans phrases. Mais je vois bien, mon cher ami, que la lecture de ma dernière lettre a piqué votre curiosité et que l’annonce du projet que j’intitule Le désenchantement du monde n’a pas manqué d’exciter votre verve inquisitrice et polémique. Vous me mettez vivement au pied du mur: je dois consentir à quelques éclaircissements. Et commençons par lever un premier malentendu. Je crains que vous n’ayez compris désenchantement au sens de tristesse, désarroi, spleen, comme l’indication d’un pessimisme tragique ou le signe d’un malheur du temps quand je n’y voulais entendre que la levée de l’enchantement, la sortie salubre du magique, du religieux, du règne aliénant des croyances, en un mot, la chance humaine du monde.” Christian Bernard