Perspectives / Prospettive
Projet de coopération transfrontalière
perspectives / prospettive
Parcours artistiques dans la vallée de la Roya.
La Villa Arson (Nice, France), la Fondation Sandretto Re Rebaudengo (Guarene et Turin, Italie) et l’Office de Tourisme Langhe Monferrato Roero (Alba, Italie) développent depuis mars 2022 un projet de coopération transfrontalière intitulé Perspectives / Prospettive. Son objectif est de promouvoir la protection et l’utilisation consciente du territoire à travers l’art contemporain, dans le respect de l’environnement. Financé par le programme Interreg V-A Italie-France Alcotra 2014-2020, le projet se déploie en Italie et en France entre mars 2022 et mai 2023.
La Fondation Sandretto Re Rebaudengo conçoit deux installations artistiques sous le commissariat de Tom Eccles, directeur exécutif du Center for Curatorial Studies de Bard College et commissaire associé du Hessel Museum of Art (Annandale-on-Hudson, État de New York, États-Unis) :
- une sculpture de l’artiste français Jean-Marie Appriou (né à Brest en 1986) dans le village de Neviglie ;
- une œuvre picturale sur un bâtiment historique du village de Roddino, réalisée conjointement par Liam Gillick, artiste conceptuel anglais et Hito Steyerl, artiste et théoricienne allemande.
La Villa Arson coordonne la réalisation de cinq propositions artistiques dans la vallée de la Roya, sous le commissariat de Gino Gianuizzi, fondateur de la galerie Neon à Bologne. Dans un environnement profondément marqué par le passage de la tempête Alex, les artistes français et internationaux animent des rencontres selon des modalités d’interventions variées. Leurs œuvres inscrites dans le paysage traduisent des regards singuliers et créent de nouveaux imaginaires.
Un cycle de conférences sur le vivant à l’aune du changement climatique est organisé à la Villa Arson en toile de fond du projet Perspectives / Prospettive. Les artistes, philosophes, chercheurs, sociologues, anthropologues et scientifiques invités explorent les croisements entre la création artistique et la conscience environnementale.
Drifters
Le duo italien Drifters (Valentina Miorandi et Sandrine Nicoletta), « artistes aventurières » comme elles se définissent, réalise des expériences participatives et immersives afin de remettre en cause nos rapports à la réalité.
Le projet « Le Glacier Royal » se déroule au Prieuré à Saint-Dalmas-de-Tende, ancien couvent converti en hôtel-restaurant, géré par l’Association pour la réadaptation et l’épanouissement des handicapés (APREH). Le travail mené avec les résidents de cet établissement, en collaboration avec le maître chocolatier turinois Maradeiboschi, a permis la réalisation d’une sculpture alimentaire évoquant la fonte des glaciers, d’une tablette et d’un parfait en chocolat. Ces créations sont en vente à la boutique du Prieuré. Elles sont accompagnées d’un texte en forme de manifeste interrogeant la responsabilité de chacun face au dérèglement climatique. Il est le fruit d’ateliers participatifs conduits avec les habitants de la vallée.
Dörte Meyer
Née en 1969, l’artiste allemande Dörte Meyer produit des œuvres liées à l’espace et des projets multimédia. Son travail porte actuellement sur les outils de conception numérique et leurs effets esthétiques sur notre perception sensible.
A trois endroits le long de la Roya, elle a installé des pictogrammes inspirés des gravures rupestres datées de l’Âge de Bronze que l’on trouve sur le Mont Bégo, dans la vallée des Merveilles.
Ces pétroglyphes ont été réalisés avec l’aide d’un système d’intelligence artificielle générative. Pour ce travail, elle a choisi des formes primaires, facilement reconnaissables. Tels les panneaux d’avertissement ou de signalisation que l’on trouve au bord des routes, ces images constituent une forme moderne de communication visuelle, réduite à l’essentiel. Dörte Meyer crée ainsi un dialogue entre les traces du passé et des signes contemporains.
Dans le même temps, l’œuvre est soumise à l’érosion naturelle, elle peut disparaître, recouverte par le végétal ou simplement ne pas être vue. L’artiste considère ce processus comme faisant partie de l’œuvre.
Stéphanie Nava
A travers ses dessins, installations et photographies, l’artiste française Stéphanie Nava (née en 1973) s’intéresse aux systèmes et à la manière dont le monde est organisé, construit et habité.
Elle intervient au pied de Saorge, dans les gorges de Nocé, où se trouvent deux inscriptions monumentales qui commémorent la création de la route royale Nice – Turin au cours du XVIIe s. L’une des deux plaques, gravée à même la paroi, est toujours visible, l’autre a été détruite pendant la Révolution française. Évoquant cette disparition, Lettres tombées à Nocé est une installation située à proximité de l’ancienne route, partiellement emportée par la tempête Alex. Une phrase en lettres de métal (comme celles de l’inscription disparue) est apposée sur le mur rescapé, visible depuis la route D6204 à l’entrée nord du tunnel. Des images imprimées accompagnent cette installation pour rappeler le fleuve, à la fois lien et frontière. De nombreux ponts enjambent la route qui serpente le long de la Roya. Carrossables ou piétons, permanents ou temporaires, anciens ou récemment inaugurés dans le cadre des travaux de reconstruction, ils racontent une constellation d’histoires, que l’artiste met en résonance en convoquant des récits et des archives.
Stalker
Fondé en 1995 à Rome, le collectif Stalker porte une attention particulière aux réalités marginales, aux territoires à l’abandon ou en transformation, qu’il traverse à pied, réalisant des actions et des dispositifs d’interaction avec le contexte, les habitants, les imaginaires et les archives des mémoires individuelles et collectives.
Le projet Roya, Eur(h)ope, conçu par Giulia Fiocca et Lorenzo Romito, membres du collectif, trouve son origine dans la découverte d’un site archéologique, Cabo – ruines d’une colonie sarrasine – le long d’une ancienne route transalpine près de la frontière franco-italienne. Le lieu est situé près de Libre, dans la commune de Breil-sur-Roya et accessible depuis le sentier de randonnée qui relie Breil à Airole. A cet endroit, les artistes activent une fiction à partir d’un fragment d’une stèle romaine datant de 212 (après JC) que la tempête Alex aurait fait apparaître. Elle porte l’inscription de la Constitution Antonine, acte juridique fondateur établissant le principe de la citoyenneté pour tous les habitants de l’écoumène romain.
Roya, Eur(h)ope fait partie d’un projet plus vaste lancé par le collectif Stalker à Rome en 2018, dénommé Citoyenneté Planétaire. Il propose ainsi la création d’un Chemin Européen reliant Lampedusa à Calais, désormais appelé Chemin de Libre et la célébration d’une Journée Mondiale de la Citoyenneté Planétaire le 21 avril, date anniversaire de la fondation de Rome.
ZimmerFrei
Collectif italien créé en 2000 à Bologne, ZimmerFrei (Anna de Manincor et Massimo Carozzi) utilise différentes expressions artistiques pour explorer des contextes urbains et ruraux en transformation : films vidéo documentaires, installations sonores et environnementales, photographies, performances, ateliers participatifs et interventions dans l’espace public. Ses réalisations les plus récentes explorent les frontières invisibles entre la sphère publique et privée dans plusieurs villes européennes.
A partir d’enregistrements réalisés avec les résidents de Saint-Dalmas-de-Tende et de sons collectés, ZimmerFrei propose un parcours sonore (accessible à l’aide de QR codes) qui traverse le village au fil des histoires portées par les voix des habitants.