Projection-conférence – carte blanche à Pierre Eugène
Sur proposition de Kaloust Andalian, cette double carte blanche autour de Serge Daney (1944-1992) a été motivée par le souhait de projeter un film aimé par Serge Daney, sur lequel il avait écrit, en le faisant suivre d’un autre film jamais vu par lui, mais qui résonnerait avec ses écrits et ses goûts — exercice d’imagination stimulant d’une continuation de sa pensée dans d’autres lieux et d’autres temps. En faisant se rencontrer Nick’s Movie de Wim Wenders (1980) et Rock Hudson Home movies de Mark Rappaport (1992), nous nous pencherons sur la cinéphilie de Daney. Le premier film en déploie la dimension mélancolique et filiale, volontiers nécrophile. Il a été réalisé par un cinéaste-cinéphile (Wenders), venu filmer les derniers moments d’un autre : Nicolas Ray. Daney écrivit sur ce film un article, « Wim’s movie » (Cahiers du Cinéma n° 318, décembre 1980) qui popularisa pour la première fois une expression, celle de « cinéfils », qu’il reprendra pour se définir lui-même à la fin de sa vie. Le second film, réalisé l’année de la mort de Daney par un cinéaste-critique (Rappaport), déploie la dimension de désir, cinéphilique et homosexuelle, portée par acteur du cinéma classique hollywoodien, Rock Hudson, dont le cinéaste invente la biographie imaginaire à travers les films.
Pierre Eugène est maître de conférences en études cinématographiques à l’Université de Picardie et membre du comité de rédaction des Cahiers du cinéma. Ses recherches portent sur les écrits suscités par le cinéma (il a consacré sa thèse à Serge Daney et collaboré à l’édition des Écrits complets d’André Bazin chez Macula), mais aussi l’analyse de films, du classicisme hollywoodien à la modernité européenne. Ouvrage à paraître : Les années non-légendaires de Serge Daney. Exercices de relecture (éditions du Linteau).