Module de formation « L’artiste en situation de médiation, de transmission, de co-création »

Pour l’année 2021/22, un nouveau module de formation conçu par Christelle Alin (responsable du service des publics et de la vie étudiante) et Sophie Orlando (professeure de théories de l’art) est inscrit dans le cursus de l’école d’art de la Villa Arson.

Enjeux

Comment la dimension de recherche et d’expérimentation présente dans l’enseignement et dans les projets artistiques se retrouve-t-elle dans les projets de médiation et les pratiques de co-création ? 

Comment une pratique artistique peut-elle se déployer dans une dimension collaborative où l’accent est mis sur le processus, la création de situations et de formes d’expériences plutôt que sur une œuvre d’art basée sur l’objet ? Nombreux·ses sont les artistes qui s’inscrivent dans cette perspective (Joseph Beuys, Tania Bruguera, Judy Chicago, Jeremy Deller, Thomas Hirschhorn, Martha Rosler, etc.).

Comment développer une approche critique qui n’instrumentalise pas l’art au profit d’objectifs pédagogiques, thérapeutiques, d’insertion sociale, etc. portés par tel ou tel partenaire institutionnel (l’école, l’hôpital, la prison…) ? 

Ce module propose des interventions de chercheur·ses et théoricien·es, des rencontres et des récits d’expériences avec des artistes et des acteur·trices de terrain, des mises en situation et des expérimentations ainsi qu’un workshop avec un·e artiste qui invite les étudiant·es à collaborer à une proposition de médiation, de transmission ou de co-création.

Objectifs et champs d’étude

Développer une approche critique et inventive de la médiation

Concevoir et mettre en œuvre des interventions en tant qu’artiste dans des contextes d’Education artistique et culturelle, d’éducation populaire, du champ de l’insertion sociale, du secteur médico-éducatif, etc.

Les pratiques collaboratives, de co-création, les expériences collectives

workshop

Workshop ​​du 6 au 8 décembre 2021

Une invitation à Cheryl Ann Bolden. Originaire du New Jersey (USA), elle est artiste, collectionneuse, archiviste, éducatrice et militante. Elle s’installe à Paris en 1998 et y fonde le Precious Cargo Museum, une structure itinérante et un projet pédagogique dédié à l’histoire et la culture de la diaspora africaine. A l’aide de document originaux, elle intervient dans différentes communautés afin de parler de l’héritage de la mémoire coloniale, des droits civiques et de la place des femmes dans la société. 

recherche & théorie et rencontre & récit d’expérience

7 séances de 3h de 16h à 19h

lundi 15 novembre : avec Maïder Fortuné

Maïder Fortuné et Annie MacDonell se sont rencontrées en 2000 alors qu’elles étudiaient au Fresnoy, Studio national des arts contemporains, à Tourcoing, France. Elles travaillent ensemble depuis 2015. Leur pratique commune comprend la performance, l’écriture, le cinéma et l’installation. Leurs pratiques individuelles intègrent également bon nombre de ces formes, mais dans leur travail collaboratif, elles se concentrent particulièrement sur le récit en tant que forme, le féminisme en tant que politique vécue, pratique de l’art et pédagogie, et sur la manière dont le langage et l’image se façonnent mutuellement. Leurs films évoluent entre des approches très strictes, structurées et presque formalistes, et le démontage ou la décomposition volontaires de ces structures.

En 2020, leur film Communicating Vessels, remporte les prix des Festival international du film de Rotterdam, Festival international du film expérimental de Moscou et Black Canvas Festival, à Mexico et est projeté dans nombreux autres festivals internationaux. Leur performance Stories are Meaning Making Machines est présentée au Centre Pompidou et en ouverture du Festival international du film de Toronto en 2015, et en 2014, elles produisent une performance- conférence pour le Contact Photography Festival intitulée The Bird and the Cup. Elles travaillent actuellement sur leur premier long métrage, qui s’inspire de la vie et des idées de l’artiste américaine Lee Lozano. OUTHERE constitue la première étape de cette recherche. Il a été sélectionné en compétition internationale au FID Marseille 2021.

mardi  7 décembre : avec Pinar Selek

 Pinar Selek est sociologue et politologue à l’Université de Nice Sophia Antipolis. Militante féministe et pacifiste, ses travaux et ses combats portent sur les droits de tous les exclus de la République turque, elle s’est engagée aux côtés des enfants des rues, des prostitués, des transsexuelles et a contribué à « L’Atelier des artistes de rue ».

lundi 13 décembre en visio : avec Madeleine Planeix-Crocker

Madeleine Planeix-Crocker. Le parcours de Madeleine Planeix-Crocker (née en 1993) est porté par son engagement pour la transmission. Elle pratique la danse et le théâtre depuis l’enfance et ses intérêts sont à la croisée de la recherche et de la curation de performances féministes, queer et intersectionnelles. Diplômée de Princeton University en études culturelles et de HEC Paris (Master spécialisé en Médias, Art et Création), elle mène actuellement un projet de recherche-création sur la performance féministe et les safe spaces à l’EHESS Paris et anime bénévolement des ateliers « théâtre et écriture » auprès des femmes victimes de violences accueillies par l’association Women Safe.. 

Par ailleurs, curatrice associée à Lafayette Anticipations, elle y a fondé en 2018 les “Warm Up Sessions”, un cycle de rencontres publiques et participatives autour des pratiques de training en danse et en performance. Au printemps 2021, elle propose la série “Dérives” qui souhaite contribuer à l’écriture de nouvelles histoires des arts à travers des dialogues co-construits avec des artistes contemporain·es. 

Madeleine est également co-directrice de la Chair “Troubles, Dissidences et Esthétiques” à l’école des Beaux Arts de Paris et membre permanent du Conseil Scientifique de la Recherche de l’ESAD de Reims.

lundi 21 février : avec Marie Preston

Marie Preston est artiste, maîtresse de conférences à l’université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, membre de l’équipe Teamed (Équipe de recherche Esthétique des nouveaux médias/Laboratoire Arts des images et art contemporain). Son travail artistique se constitue comme une recherche visant à créer des œuvres, documents d’expérience, avec des personnes a priori non artistes. Son dernier ouvrage Inventer l’école, penser la co-création vient de paraître aux éditions les presses du réél sur les pédagogies alternatives développées en France durant les années 1970-1990 dans des écoles « ouvertes » travaillant la question des rapports entre co-création et coéducation.

A venir : 

Une invitation aux ateliers Médicis et à Silina Syan, artiste ancienne étudiante à la Villa Arson pour un récit d’expérience

Présentation du programme Création en cours :

https://www.ateliersmedicis.fr/label/creation-en-cours-679

Une invitation au collectif microsillons et une collaboration avec le master TRANS à la HEAD – Genève.

Créé en 2005 à Genève par Marianne Guarino-Huet et Olivier Desvoignes, le collectif microsillons développe des projets artistiques collaboratifs engagés dans une réflexion sociale et citoyenne, en s’appuyant sur des stratégies issues des pédagogies critiques et féministes. Depuis 2015, microsillons est responsable du Master TRANS– Pratiques artistiques socialement engagées, à la HEAD – Genève.

Le master TRANS– accueille les étudiant-e-s qui souhaitent engager leur pratique artistique dans des projets collaboratifs avec des structures sociales et/ou éducatives (écoles, maisons de quartier, institutions de santé, associations d’aide aux personnes migrantes…), ainsi que dans des pratiques de médiation culturelle (impliquer différents groupes dans des relations critiques avec les institutions artistiques).

https://www.hesge.ch/head/formations-recherche/master-en-arts-visuels-trans-art-education-engagement

MISE EN SITUATION & EXPÉRIMENTATION

Avec Christelle Alin

La médiation performée 

Concevoir une médiation performée dans une exposition (à la Villa Arson ou dans une autre structure à Nice : La Station, Mamac, etc.) en convoquant ses propres centres d’intérêts en connexion aux enjeux artistiques de la programmation.

Concevoir et animer un atelier jeune public et/ou un projet collaboratif 

Scénariser un atelier jeune public en écho avec sa pratique artistique

Définir un projet collaboratif en tenant compte du contexte d’intervention, des publics concernés, créer les conditions pour connaître les participant·e·s : prendre en compte les situations vécues, les émotions, et les expressions et les intérêts de chacun·e.

Christelle Alin

Christelle Alin est responsable du service des publics de la Villa Arson depuis sa création en 2002 et est plus récemment référente sur la prévention des discriminations et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles et responsable de la vie étudiante. Auparavant elle était en charge du service culturel du Quartier-centre d’art contemporain de Quimper et enseignante à l’Université Rennes 2 dans le cadre du Master métiers de l’exposition. Parallèlement à ces fonctions, elle a été partie-prenante de l’association nationale des personnes en charge des relations des publics à l’art contemporain (un Moment voulu) pendante une dizaine d’années, a été formatrice pour le Cipac, et participe à des séminaires, colloques, groupes de travail, publications sur les questions relatives à la médiation. Elle participe au projet de recherche sur les pédagogies critiques en école d’art développé à la Villa Arson avec Sophie Orlando (initiatrice du projet), Céline Chazalviel, responsable des éditions et Flo*Souad Benaddi, artiste diplômé de la Villa Arson en 2021. 

Sophie Orlando

Sophie Orlando enseigne les théories de l’art à la Villa Arson à Nice depuis 2013. Elle écrit, édite, diffuse et partage des pratiques artistiques et pédagogiques féministes et antiracistes, par des formes critiques et académiques. Elle mène depuis 2018 deux lignes de recherches autours des pédagogies féministes : “Les pédagogies féministes en écoles d’art” et “Modalités de vie et projets artistiques dans l’expérience des écoles d’art”. Conçues à partir d’entretiens, ces recherches accompagnent une pratique d’enseignement fondée sur les pédagogies critiques (“Chercher avec” et “situations post avec l’artiste Katrin Ströbel). Elle a co-organisé les rencontres et journées “Les pédagogies critiques en écoles d’art” (Villa Arson, 2020).

Bibliographie (en cours)

Marie Preston, Inventer l’école, penser la co-création, éd. Les presses du réel, 2021

Pereira Irène et Laurence De Cock, Les pédagogies critiques, Paris, Agone, 2019

bell hooks, Teachning to Transgress [Apprendre à transgresser], éd. Syllepse, 2019

Co-création, ouvrage collectif publié en 2019 par les éditions Empire et le CAC Brétigny, avec le soutien notamment du MAC VAL et de l’Université Paris 8 (Laboratoire AIAC Équipe TEAMeD)

L’insolente: dialogues avec Pinar Selek par Guillaume Gamblin, éd. Cambourakis, 2019

In the Canyon, Revise the Canon, Savoir utopique, pédagogie radicale et artist-run community art space en Californie du sud, publication coordonnée par Géraldine Gourbe, éd. Shelter press, 2016

David Dibosa, Victoria Walsh, David Dewdney, Post-critical Museology, Londres, New York, Routledge, 2013

Janna Graham, Art + Care: A Future (2013), éd. König, 2013

Donna Haraway, Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and The Privilege of Partial Perspective [Connaissances situées: la question scientifique dans le féminisme et le privilège de la perspective partielle], in MANIFESTE CYBORG ET AUTRES ESSAIS, éd. Exils, 2007.

Jacques Rancière, Le maître ignorant, cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, ed. 10/18, 2004/ Le partage du sensible, éd. La Fabrique, 2000 / Le spectateur émancipé, éd. La Fabrique, 2008Robert Filliou, Teaching and learning as performing art [Enseigner et apprendre, Arts vivants], avec la participation de John Cage, Benjamin Patterson, Allan Kaprow, Marcelle Filliou, Vera, Bjössi, Karl Rot, Dorothy Lannone, Diter Rot, Joseph Beuys ; et une post-face de Anne Moeglin-Delcroix ; Paris Bruxelles : Archives Lebeer-Hossmann, 1998 (Trad. française de ″Teaching and learning as performing art″, éd. en 1970 sous la dir. de K. König)